mardi 21 mai 2013

Légitimité électorale ou légitimité fonctionnelle? Le dialogue national a t-il tranché le débat?

Article paru sur www.leaders.com.tn le 21/05/2013

La question mérite, à mon sens, qu’on s’y attarde, en raison des changements qui sont en train d’émailler cette transition démocratique Tunisienne. Il parait indéniable de constater que le Res Publica n’est plus l’apanage du Bardo et de sa coupole sous laquelle une Assemblée Nationale Constituante a été édifiée dans l’objectif de construire la 2eme république tunisienne. Il semble, qu’un autre haut lieu de la gouvernance, multiséculaire par ailleurs, vient de damer le pion à cette banlieue tant prisée par les Beys, pour s’arroger le droit de décider de l’avenir des générations de Tunisiens. Au-delà des emplacements géographiques et de leur portée historique, la tenue de ce dialogue national signe l’échec de l’aventure des constituants et surtout la faillite institutionnelle d’un pouvoir originaire constituant pour lequel tout un peuple s’est mobilisé un certain 23 octobre, en le réduisant à un simple appareil d’enregistrement. En effet, les politiques, conscient d’un voyeurisme inquisiteur et dérangeant de leurs mandants, ont choisi de fuir les feux de la rampe pour décider du sort des tunisiens en Catimini, lors d’un débat national auquel avait été convié les principales formations politiques, le tout, sous l’égide de la présidence de la republique dans un premier round, puis de la centrale syndicale dans un deuxième round.
Si on peut trouver à cette initiative certains avantages consistant essentiellement à décanter une situation politique chaotique qui a plongé le pays dans le flou total,à travers les compromis ou les compromissions faits par les uns et les autres. Force est de se demander à propos de la légitimé de maintenir l’Assemblée Nationale Constituante en place, après l’avoir délestée de sa principale mission : Rédiger la constitution Tunisienne post révolutionnaire.
Hélas, l’AssembléeNationale Constituante est désormais un lugubre endroit où les magouilles politiques les plus obscures servant à éliminer un potentiel concurrent politique( projet de loi sur l’immunisation de la révolution), les desseins liberticides(projet de loi sur la presse proposé par le CPR puis retiré sous la pression de la Société Civile et des gens des Médias ), ainsi que les tentatives d’asservissement de la souveraineté économiques nationale( ratification des protocoles d’accord sur les prêts contractés par la Tunisie) se trament. La « sacrosainte » légitimité électorale, défendue à cor et à cri par ses apôtres, vilipendant au passage toutes velléités à critiquer son bien fondé, parait alors un prétexte, pour prendre « démocratiquement » le pays en otage. Les centaines de millions de dinars, sortis du trésor public au titre de rétributions des constituants, ne sont en fait qu’un dommage collatéral des viles causes.
Ne dit-on pas que celui qui aime(le pouvoir) ne compte pas ?
Ailleurs, les tractations vont cahin caha. Les uns jubilent, les autres pavoisent, un article du projet de la constitution, changé par ci, un autre mutilé par la. Un troisième ajouté à la force des biceps….
Certains parmi les intervenants dans le dialogue national font grise mine et grincent des dents à l’idée d’expliquer leurs concessions à une base électorale déjà entamée par la déception et l’ennui. La légitimité fonctionnelle semble l’emporter sur la légitimité des urnes. Scénario pour le moins étonnant et imprévisible il ya quelques mois. Le sacerdoce n’en est plus. Au contraire, la bénédiction de Ben Jaafer et de ses acolytes ne peut être qu’Urbi et Orbi…